La troisième édition du Forum citoyen international de l’éducation focalise l’attention des contributeurs scientifiques, des experts, et d’acteurs citoyens sur l’apprenant au cœur du système éducatif et universitaire. Elle offre un moment d’arrêt et de réflexion pour bien saisir la complexité, les paradoxes et les défis posés par l’état de l’éducation et les écueils qui pèsent sur la mission de base de l’école (formation, socialisation, qualification) et de l’université (formation, recherche, services à la collectivité). La dynamique qui sera injectée par cette démarche suppose que l’on ne se contente pas de saisir l’état des lieux; elle appelle au contraire à projeter des perspectives de développements multiples et diversifiés.

Les axes, sans être exhaustifs, permettent d’aborder des thématiques d’importance, de pertinence et à impacts déterminants. Au départ, ce sont les fondamentaux de l’éducation (mission, vision, valeurs, orientations et stratégies éducatives) qui seront questionnés pour ouvrir le champ de la réflexion sur ce que peut l’éducation. L’analyse des inégalités sociales, territoriales, éducatives ou pédagogiques permet de saisir les facteurs influents sur la motivation, la persévérance, la qualification et la réussite éducative. Ces facteurs seront examinés sur le plan politique, économique, social ou environnemental. Le décrochage scolaire et l’échec aux différents niveaux des parcours éducatifs constituent des obstacles et des incidents qui hypothèquent l’avenir d’un grand nombre de jeunes et de citoyens. Ils seront examinés sous différents angles, notamment en cherchant à comprendre les facteurs socioculturels qui les sous-tendent et en montrant les leviers à actionner pour une remédiation, une rescolarisation ou des avenues de découvertes des voies d’insertion sociale. Le thème sur l’orientation, la formation professionnelle, la qualification, l’employabilité ou l’entrepreneuriat nous offre l’occasion de réfléchir sur les diverses perspectives par lesquels les décideurs balisent la souplesse et l’efficience du système, et par lesquels, les acteurs locaux de l’éducation accompagnent l’élève ou l’étudiant dans un cheminent éclairé. Avec le quatrième thème, portant sur les pratiques et les innovations pédagogiques ainsi que sur l’intégration numérique et les stratégies collaboratives, la voie est toute tracée pour interroger nos pratiques d’enseignement et les potentialités d’apprentissage tant en présentiel qu’en ligne en mettant dans une confrontation salutaire les approches pédagogiques innovantes et la digitalisation des dispositifs. Si à travers cinq axes les questions autour de la vision, des structures, des dispositifs et des méthodes auraient permis de déblayer une bonne partie de nos préoccupations, il ne faut pas manquer l’occasion de discuter de la recherche scientifique, de la formation à la recherche, de la préparation de la relève à l’heure de l’économie du savoir. C’est par le développement d’une recherche solide, vaste et à la pointe des méthodes éprouvées que l’on pourra redresser le système éducatif et ouvrir des voies de navigation vers un avenir plus apaisé et plus prometteur. Enfin, pour que toutes ces dimensions tiennent leurs promesses, un axe est consacré au pilotage, à la gouvernance et à la gestion stratégique du changement. Sans leadership, un leadership partagé, distribué ou inclusif du personnel dont l’agir compétent est un cœur nucléaire de toute la centrale qu’est l’éducation, tout système est voué à l’engrenage et aux blocages qui, plus souvent, laissent sur le bas-côté tant de jeunes et de moins jeunes dont l’éducation aurait été le seul rempart contre les inégalités, l’injustice et la paupérisation.

Les propositions des contributeurs scientifiques et citoyens, nécessairement interdisciplinaires, sont destinées à être contextualisées pour être appliquées avec rigueur et souplesse et par souci d’adaptation à des territoires, à des conditions particulières en tenant compte des besoins et des avis des élèves, des étudiants, des enseignants, des professionnels, des parents, des acteurs socioéconomiques. Elles nous permettront d’identifier de nouvelles opportunités de changement stratégique en s’appuyant sur la vitalité de la recherche scientifique, l’avancement des connaissances, du savoir et de la science. La légitimité de cette démarche repose, d’une part, sur la requête pressante figurée par les inquiétudes et l’appréhension des individus et des groupes sociaux et, d’autre part, sur la présentation de résultats de recherche prouvés, de données valides et pertinentes, de perspectives et de propositions articulées basées sur le jugement d’experts, nationaux ou internationaux. La finalité de cette expérience d’échanges, de controverses, de débats et de propositions vise au moins trois cibles : 1- l’empowerment (autonomisation et pouvoir d’agir) des acteurs individuels, collectifs, sociaux et politiques ; 2- l’amélioration de la qualité de l’enseignement/apprentissage, la pertinence des programmes, la mise en œuvre de services adéquats dans les établissements d’enseignement et de formation (sous toutes leurs formes) ; 3- la possibilité de doter les décideurs, intervenants et professionnels de stratégies «responsabilisantes» et imputables.

Houssine Dridi

Président du Comité scientifique