Cartographie des cas médiatisés et judiciarisés en matière de liberté académique et de liberté d’expression des enseignants
Cette communication fait suite à la précédente. Depuis quelques années, de nombreux chercheurs ou enseignants, du
primaire jusqu’à l’université ont fait l’objet de plaintes, de propos haineux, d’accusations de « wokisme », d’islamo-
gauchisme, de social justice warriors, qui domineraient dans les universités (incluant dans la formation des enseignants) et
menaceraient la liberté d’expression sur les campus (Dupuis-Déry, 2022). Cette communication se penche sur ces enjeux
touchant les libertés académique et d'expression qui affectent les milieux éducatifs (autant la recherche que l'enseignement
et la formation des enseignants), en analysant les débats et les "cas" qui ont lieu au Québec et dans d’autres pays, incluant
des offensives anti-universitaires de certaines fondations, et les propositions de lois restreignant la liberté académique ou la
permanence des professeur.es (par ex. en Floride).
Cette communication présente une cartographie analytique des cas médiatisés et judiciarisés en matière de liberté
académique et de liberté d’expression des enseignants à partir des bases de données Euréka, ProQuest, Google, SOQUIJ,
CanLii Lexis Advance Quicklaw, Dalloz, HUDOC, LégiFrance , et des recensements effectués par« Fight for your Rights », la
« National Association of Scholars » (États-Unis), ainsi que les rapports Gaudreault-Desbiens (2021) et Cloutier (2020)
(Québec) afin de dresser un portrait de la nature des « problèmes » liés à ces cas depuis une dizaine d’années.
Le volet juridique de la recherche a adopté une perspective comparative afin de souligner les intérêts (institutions
d’enseignement, enseignants et élèves) auxquels les différents ordres juridiques étudiés accordent la priorité. Le volet
médiatique de la recherche emprunte aux outils de l’analyse critique du discours et à la sociologie des médias et des
mouvements sociaux, afin d’étudier et mettre en contexte les différents interactants et les mécanismes discursifs mis en
œuvre.
Il en ressort que les juridictions aménagent et recherchent une forme d’équilibre entre ces différents intérêts. De prime
abord, il ressort que la liberté d’expression et la liberté académique se modulent selon le contexte dans lequel elle s’exerce.
Quant à la cartographie médiatique des polémiques, elle révèle un traitement des cas liés à la liberté d’expression en
contexte académique médié par les rapports rapports sociaux de genre, de race et de classe, et de construction d’un récit de
la nation (québécoise).
En conclusion, nous discuterons de l’usage des cas de cette cartographie en formation initiale et continue du personnel des
milieux éducatifs.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.