Appel à contribution

Argumentaire
Les changements climatiques constituent l’un des défis majeurs du XXIe siècle, impactant les écosystèmes, les ressources en eau et la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, et menaçant la résilience des sociétés.Face à ces perturbations, les sociétés doivent repenser leur relation avec l’environnement et explorer des solutions scientifiques innovantes pour garantir un avenir durable. Il est aujourd’hui admis que les activités humaines, à travers entre autres la sur-exploitation des ressources naturelles (braconnage, déforestation, surpêche, urbanisation, …), ont grandement détérioré les écosystèmes et bouleversé les équilibres naturels.

Par ailleurs, l’accentuation des activités industrielles a renforcé le réchauffement planétaire, engendrant une hausse de la température moyenne globale atteignant +1,6°C en 2024 par rapport à l’ère pré-industrielle (ERA5, 2025). Les effets des changements climatiques se font, en effet, de plus en plus prégnants à travers le globe. Ces manifestations ont conduit, indéniablement, à une perte critique de la biodiversité.

Parallèlement, nous assistons à la multiplication d’événements météorologiques extrêmes qui se démarquent par des sécheresses intenses (incendies dévastateurs au Canada et en Californie) et des pluies torrentielles (inondations catastrophiques à Valence en Espagne). En Tunisie, les sécheresses successives des années 2020-2023 ont sévèrement affecté les rendements des cultures, menaçant la sécurité alimentaire du pays. De plus, ces changements perturbent la circulation océanique, occasionnant l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des cyclones (cyclone Chido ravageant Mayotte dans l’Océan Indien).

La surexploitation des ressources, associée aux dérèglements climatiques, occasionne une consommation grandissante d’énergie, une déperdition des ressources en eau, une salinisation des sols et des nappes, ainsi qu’un recours souvent incontrôlé à l’irrigation. À l’opposé, des précipitations diluviennes entraînent des dégâts aux infrastructures, aux écosystèmes et aux cultures. Les conséquences dramatiques des changements climatiques ont mis en lumière les problèmes politiques, économiques et sociaux que nos sociétés doivent affronter.

Une gestion durable de l’énergie et des ressources s’impose pour assurer la sécurité alimentaire, offrir les services écosystémiques essentiels et garantir le bien-être commun. À cet effet, une bonne gouvernance s’avère indispensable et nécessite le développement de solutions coordonnées basées sur l’innovation scientifique, la coopération internationale (PNUE, 2022 ; FAO, 2023) et la durabilité.

Le colloque “Changements climatiques, enjeux environnementaux et transition énergétique”, qui relève de la 5e édition du Forum Citoyen International de l’Éducation et de la Recherche Interdisciplinaire (FCIERI), s’inscrit dans cette vision innovante en abordant les crises écologiques urgentes sous l’angle de solutions concrètes et durables.

À travers trois axes thématiques — (i) la gestion des ressources en eau, (ii) la résilience des écosystèmes et la sécurité alimentaire, et (iii) la transition énergétique durable et éco-responsable — ce Colloque propose un dialogue scientifique ouvert et constructif pour élaborer des réponses adaptées et mobilisatrices. Cet appel à communications est l’opportunité pour les chercheurs, experts et praticiens de partager leurs travaux, leurs expériences et leurs recommandations dans un cadre interdisciplinaire.

Axes principaux

Axe 1 : Gestion intégrée des ressources en eau face aux impacts des changements climatiques
Descriptif
Les dérèglements climatiques exacerbent les pressions sur les ressources en eau douce, perturbant profondément les cycles hydrologiques et mettant en péril la sécurité hydrique à l’échelle mondiale. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses, le déséquilibre des précipitations entre les régions et l’augmentation du niveau marin constituent des menaces majeures pour les écosystèmes, l’agriculture et les populations urbaines. Les approches traditionnelles de gestion de l’eau, cloisonnées et souvent limitées à une logique sectorielle, ne permettent plus d’apporter des solutions durables aux crises hydriques. La nécessité d’un modèle de gestion intégré et adaptatif s’impose pour garantir une utilisation équitable et durable des ressources hydriques. La gestion intégrée des ressources en eau repose sur une vision systémique, prenant en compte les interconnexions entre les usages de l’eau (agriculture, industrie, consommation domestique), les dynamiques environnementales (recharge des nappes, qualité de l’eau, biodiversité) et les contraintes climatiques. Cet axe s’intéresse aux solutions innovantes qui permettent d’optimiser la gestion quantitative et qualitative des ressources en eau, en intégrant les dimensions environnementales, socio-économiques et technologiques. Il se propose de répondre, entre autres, aux questions suivantes: Quelles sont les stratégies pour une gestion optimale de l’eau face aux dérèglements climatiques ? Comment allier préservation des ressources en eau et satisfaction des besoins humains ? Comment assurer un recyclage optimal et éco-responsable des eaux ? Quels sont les modèles de gouvernance pour une gestion équitable des ressources hydriques ? Quelles innovations technologiques pour assurer la qualité de l’eau?

Thématiques principales


1. Gestion durable et maîtrise des systèmes hydriques : régénération et résilience

  • Restauration des zones humides, aquifères et bassins versants
  • Aménagements littoraux et préservation des côtes maritimes
  • Solutions traditionnelles de captage et de récupération des eaux pluviales
  • Préservation de la qualité des eaux (pollution, salinisation, contamination bactériologique)
  • Modélisation hydrologique et scénarios prospectifs face aux incertitudes climatiques
  • Rationalisation de l’exploitation des nappes de surface et celles souterraines
  • Bonnes pratiques pour une meilleure économie des ressources hydriques
  • Pratiques irrationnelles et impacts sur la pérennité et la qualité des ressources


2. Innovations technologiques et optimisation de la gestion des ressources en eau

  • Systèmes intelligents de gestion de l’eau (télédétection, SIG, intelligence artificielle)
  • Techniques avancées de traitement et réutilisation des eaux usées
  • Utilisation des eaux thermales
  • Recharge artificielle des nappes
  • Drainage artificiel pour la préservation des sols et des écosystèmes
  • Technologies innovantes et durables pour assurer la qualité des eaux (élimination du microplastique, traitement quaternaire des eaux usées..)
  • Irrigation intelligente
  • Dessalement et diversification des ressources en eau : état des lieux et perspectives

Axe 2 : Résilience des écosystèmes et sécurité alimentaire dans un contexte de pressions environnementales croissantes
Descriptif
Dans un contexte de dérèglements climatiques et d’événements météorologiques extrêmes, la dégradation des sols, la perte de biodiversité et la raréfaction de l’eau menacent les équilibres naturels et la pérennité de tous les écosystèmes, réduisent les capacités de production alimentaire et de produits issus des végétaux menaçant la sécurité alimentaire et la santé globale. Par ailleurs, l’augmentation prévue de la population mondiale et la diminution des terres cultivables nécessitent un accroissement de la production agricole hautement dépendant d’une amélioration de la productivité des cultures. Or, le prélèvement global d’eau ne cesse d’augmenter et l’agriculture est responsable de plus de 70 % de cette consommation. L’irrigation avec des eaux de mauvaise qualité associée à l’évapotranspiration accrue lors de périodes de sécheresse entraînent une dégradation et une salinisation des sols affectant les écosystèmes associés. Même dans les environnements les plus favorables, des perturbations climatiques violentes (sécheresses intenses, inondations, cyclones) peuvent être responsables d’une diminution notable des rendements. De plus, les changements climatiques perturbent la circulation océanique, intensifient l’ampleur des courants exceptionnels et modifient les paramètres physico-chimiques de l’eau, menaçant directement les écosystèmes aquatiques les plus fragiles. Dans ce cadre, cet axe s’intéressera à aborder entre autres les questions suivantes: Quels sont les mécanismes développés par le vivant pour s’adapter à ces nouvelles conditions ? Comment exploiter les stratégies adoptées par les extrêmophiles ? Dans quelle mesure l’adoption de pratiques agro-écologiques permettra de garantir la sécurité alimentaire ? Quel serait l’apport de l’intelligence artificielle dans le suivi des cultures vulnérables et la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles ? Comment exploiter la diversité génétique pour améliorer la résilience des cultures ? Comment réussir la transition vers une agriculture zéro-carbone ? Comment exploiter durablement les ressources végétales pour la production de molécules bioactives ?

Thématiques principales


1. Mécanismes d’adaptation des écosystèmes aux changements environnementaux (terrestres, marins, fluviaux, côtiers)

  • Stratégies d’adaptation des écosystèmes (marins et côtiers, eaux douces, forestiers, agricoles)
  • Compréhension des mécanismes d’adaptation des organismes extrémophiles pour une meilleure résilience des écosystèmes
  • Modélisation de la résilience des écosystèmes: adaptation et exploitation de la biodiversité génétique


2. Agroécologie et pratiques agricoles durables pour renforcer la sécurité alimentaire

  • L’agriculture régénératrice pour restaurer la fertilité des sols et améliorer les rendements.
  • Agroforesterie, cultures mixtes et diversification des systèmes agricoles
  • Gestion durable des sols
  • Solutions agro-écologiques pour la séquestration du carbone.


3. Gestion durable pour la résilience des écosystèmes naturels et agricoles

  • Restauration des écosystèmes dégradés et de la biodiversité
  • Importance des zones humides, des forêts et des prairies dans la régulation du cycle de l’eau
  • Réhabilitation des zones désertiques
  • Gestion durable des paysages agricoles


4. Technologies et innovations pour une production durable

  • Bioéconomie végétale, innovations génétiques et biotechnologiques pour optimiser la production de molécules bioactives et la production alimentaire (diversité génétique, amélioration variétale, bio-inoculants)
  • Lutte biologique et bio-pesticides
  • Utilisation des systèmes d’information géographique (SIG) et de l’intelligence artificielle pour une agriculture durable.
  • Gestion intégrée de l’eau dans les systèmes agricoles : techniques d’irrigation efficaces, réutilisation des eaux usées.
  • Culture en conditions extrêmes: agriculture en eau salée et exploitation des organismes halophytes
  • Développement de sources alternatives d’alimentation
  • Production durable de molécules végétales

Axe 3 : Transition énergétique durable et éco responsable face aux défis climatiques
Descriptif
Alors que les changements climatiques menacent gravement les écosystèmes et les sociétés humaines, la transition énergétique durable et éco-responsable émerge comme une réponse incontournable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, atténuer les impacts dévastateurs de ces perturbations environnementales et adapter les infrastructures aux défis futurs. Toutefois, cette transition ne se limite pas seulement à un remplacement des énergies fossiles par des alternatives renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, etc…) mais aussi de promouvoir une gestion intelligente des réseaux, de veiller à un stockage efficace, et de préserver les ressources naturelles et biologiques. Dans cette optique, il importe d’entreprendre une transformation systémique des modèles de production, de consommation et de gouvernance énergétique, prenant en compte les spécificités économiques, technologiques et environnementales propres à chaque contexte régional. La comparaison des contextes nationaux montre des trajectoires de transition énergétique multiples et variées. La Tunisie qui jouit d’un potentiel solaire exceptionnel (1 800 à 2 000 kWh/m² ; OIE, 2021) et vise à atteindre 35 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique et à réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2010 d’ici 2030. Ces objectifs s’inscrivent dans une démarche de neutralité carbone et incluent le développement d’une stratégie pour l’hydrogène vert et ses dérivés, avec une production prévue de 8,3 Mtep d’hydrogène vert d’ici 2050. A l’inverse, le Québec a investi dans l’électricité décarbonée à 99 % grâce à l’hydroélectricité (Hydro-Québec, 2022). En France, l’hydrogène vert et l’éolien offshore sont prioritaires, avec pour objectif une réduction des émissions de 40 % d’ici 2030 (Ministère de la Transition Écologique, 2023). Ces exemples illustrent la diversité des solutions énergétiques adoptées dans des contextes différents, tout en soulignant l’urgence d’une coopération internationale renforcée, notamment entre le Nord et le Sud. Cet axe explore les enjeux liés à la mise en œuvre des énergies renouvelables, aux systèmes énergétiques intelligents, ainsi qu’aux solutions de stockage de l’énergie et la valorisation de la biomasse pour la production de l’énergie. Il se propose de répondre, entre autres, aux questions suivantes: Quels sont les modèles hybrides les plus efficients ? Quelles avancées technologiques en faveur d’une transition énergétique durable et accessible ? Quelles stratégies préconiser pour une maîtrise de l’énergie ? Comment l’intelligence artificielle peut aider à l’optimisation énergétique ? Comment la sensibilisation citoyenne pourrait impacter nos pratiques quotidiennes pour une meilleure gestion des ressources énergétiques ?
Thématiques principales


1. Innovations technologiques pour une transition énergétique durable

  • Technologies de rupture dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène vert).
  • Stockage d’énergie avancé (batteries, supercondensateurs, stockage thermique).
  • Captage, stockage et utilisation du carbone (CCUS).
  • Réseaux intelligents (smart grids) et gestion de l’énergie décentralisée.
  • Intelligence artificielle et big data pour optimiser les systèmes énergétiques.
  • Nanotechnologies et matériaux innovants pour l’efficacité énergétique.


2. Énergies renouvelables et intégration dans le mix énergétique

  • Développement des énergies solaires : photovoltaïque, solaire thermique, CSP.
  • Énergie éolienne : technologies offshore et onshore.
  • Hydrogène vert : production, stockage et applications industrielles.
  • Intégration des énergies renouvelables dans les réseaux électriques.
  • Énergies marines.
  • Exploitation durable des ressources géothermiques.
  • Outils d’évaluation et analyse de cycle de vie (ACV).
  • Outils de modélisation et de simulation des systèmes énergétiques.


3. Bioénergie et valorisation des déchets

  • Production de biogaz à partir de déchets agricoles, municipaux et industriels.
  • Biocarburants de deuxième et troisième générations.
  • Technologies de conversion des déchets en énergie : incinération, gazéification, méthanisation.
  • Technologies de pyrolyse et gazéification de la biomasse.
  • Économie circulaire dans le secteur énergétique.


4. Stratégies et mécanismes de maîtrise de l’énergie

  • Stratégies nationales et régionales pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
  • Mécanismes de financement innovants.
  • Couplage sectoriel (énergie, transports, industrie) pour une décarbonisation efficace.
  • Optimisation énergétique dans l’industrie et les transports – Empreinte carbone.
  • Planification urbaine pour un avenir résilient et bas-carbone.
  • Rénovation énergétique des bâtiments et éco-construction.
  • Éducation, sensibilisation, formation et implication des communautés.