Enseignement de la Phonétique du Français en Tunisie : Défis, Enjeux et Perspective.
Le programme officiel de l’enseignement du français à l’école primaire en Tunisie souligne l’intérêt majeur accordé à l’enseignement de l’oral et de la prononciation. La phonétique est présentée comme « une des compétences fondamentales à développer chez les élèves complémentairement à la lecture et à la production écrite ». Cependant, l’enseignement de la phonétique souffre souvent d’une sous-estimation et d’une intégration insuffisante dans les programmes éducatifs. On s’y met souvent à reculons.Il est fréquent de le voir relégué à un rôle secondaire, incorporé de manière subtile dans d’autres activités telles que la lecture ou l’expression orale. Il est perçu par l’enseignant comme un enseignement difficile à aborder, une discipline complexe et dénuée de pertinence pratique. C’est un exercice « physique » qui fait appel à des savoir-faire différents que ceux de la grammaire ou du vocabulaire (Lauret, 2007). Cette réticence peut être attribuée à plusieurs facteurs prédominants. D’une part, les enseignants eux-mêmes font face à un déficit de formation adéquate en phonétique, ce qui peut les amener à aborder cet aspect crucial de manière superficielle. D’autre part un manque de motivation chez les élèves qui doivent accepter d’adopter un comportement auditif et vocal nouveau sans penser au « risque identitaire » ni au ridicule. (Boukhari, 2006).
Dans cette communication portant sur les défis liés à l’enseignement et à l’apprentissage de la phonétique du français, nous allons présenter notre enquête menée auprès d’environ une cinquante enseignants de français travaillant au sein des écoles primaires étatiques en Tunisie. Par le biais d’un questionnaire minutieusement élaboré, nous avons cherché à démêler les complexités inhérentes à cet aspect crucial de l’enseignement des langues et à mettreen lumière les défis majeurs auxquels l’enseignement de la phonétique du français est confronté.
Les résultats de notre enquête révèlent d’abord une quasi-absence de la phonétique dans les manuels scolaires, ce qui entrave son intégration dans l’enseignement. Ceci contraint les enseignants à élaborer du matériel pédagogique spécifique, une tâche complexe et chronophage. De plus, le manque de formation en phonétique parmi les enseignants engendre une transmission superficielle des notions phonétiques, altérant la précision de la prononciation des élèves. Les difficultés d’évaluation de la phonétique ajoutent un autre écueil, rendant difficile la mesure des progrès des élèves dans ce domaine. En examinant en profondeur les défis et les lacunes identifiés, nous proposerons au final, des solutions essentielles visant à renverser cette tendance préoccupante et mettrons en lumière des perspectives prometteuses pour l’avenir de cet enseignement en Tunisie.
Mot-clé : Formation des enseignants, enseignement de la phonétique, Prononciation et phonétique du français,, Écoles primaires en Tunisie, Programmes éducatifs.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.