Le concept atelier en formation continue : une démarche participative et un vecteur pour l’atteinte de l’ODD17
Quoique l’article 26 de la Loi n° 2008-10 du 11 février 2008, relative à la formation professionnelle de la constitution tunisienne, cadre la formation continue et précise ses avantages par rapport à la consolidation des connaissances et l’acquisition de nouvelles compétences, l’implication des enseignants reste occasionnelle et facultative. En synergie avec l’article 7 de la Loi n° 2008-19 du 25 février 2008, relative à l’enseignement supérieur, des formations en pédagogie ont été offertes aux enseignants pour aiguiser l’agir-enseignant. La suivante contribution repose sur une enquête menée auprès des participants, en aval de la formation et l’analyse de leur comportement tout au long de l’atelier. Elle rapporte les pratiques déployées et leurs impacts sur la motivation des participants. La formation qui discute des pratiques pédagogiques en faveur de l’autonomisation des apprenants (Holec, 1979), s’inscrit dans le cadre du projet structurel Erasmus+ Biotech-Tunisia, a été délivrée aux enseignants des Instituts Supérieurs de Biotechnologie, rattachés aux Universités de Monastir, Sfax, Manouba et Jendouba et ouverte aux enseignants-chercheurs exerçant dans divers établissements universitaires tunisiens. Cette formation tentait d’acculturer les participants sur les approches, stratégies, méthodes et outils en vue d’autonomiser les apprenants. Pour être en cohérence avec la thématique de la formation, il semblait incommode de briguer achalander les apprenants avec les outils cognitifs, socio-affectifs et métacognitifs pour réussir leurs apprentissages et d’exclure l’enseignant de ce processus réflexif (Tanda et al., 2021) en faveur du développement d’une intelligence collective. La mise en situation à l’instar d’un atelier intitulé « A la quête de l’approche adéquate » a réuni les participants par affinité disciplinaire pour concevoir, à leur guise, le scénario pédagogique d’une formation qui vérifie l’alignement pédagogique (Biggs, 1996). La conception proposée devrait faire appel à des pratiques autonomisantes et garantes du développement de l’esprit critique chez l’apprenant. L’analyse qualitative de l’enquête met en scène l’impact de la discussion en aval de l’atelier dans la création d’un environnement catalyseur et le rassurement quant à l’efficience des projets qui correspondaient à des retours d’expérience (57,1%) améliorés par concertation et guidage ou des propositions fraichement discutées (38,1%) entre pairs. Cette activité met l’emphase sur la pairagogie (Cristol, 2017) en tant que levier motivationnel et soulève le rôle du formateur dans l’aiguillage (Eisenbeis et Cappellini 2013), comme l’atteste l’appréciation unanime des participants. L’appréhension d’une approche participative et socioconstructiviste a réussi à impliquer les participants plus efficacement dans la formation. L’interaction et la mutualisation des expériences et des pratiques enthousiasmaient les participants qui discutaient délibérément. Ainsi la formation était une belle opportunité pour cogiter de façon collective sur la thématique brulante de l’autonomisation de l’apprenant et le développement de l’esprit critique. Elle a offert aux participants des pistes de réflexion pour réviser leurs approches pédagogiques mais, également, leur attitude à l’égard des apprenants. Ces discussions ne peuvent présenter qu’une ébauche d’un projet fédérateur qui, outre les praticiens, devrait associer les décideurs en vue de créer une communauté de pratique pour l’atteinte de l’ODD17 ; un pilier du développement durable, tel que défini par l’ONU en septembre 2015.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.