Quelles sont les solutions issues de la société civile pour soutenir les jeunes en difficulté à l'école ou qui l’ont quittée avant d’obtenir un diplôme qualifiant ?
Au Québec, le taux de décrochage scolaire diffère drastiquement lorsque l’on compare les jeunes des milieux les plus favorisés aux plus défavorisés. La problématique du décrochage est un enjeu de société dont les causes sont multifactorielles et dépassent largement la salle de classe. L’école ne peut arriver à elle seule à contrer le décrochage scolaire. Complémentaires ou alternatifs, les activités des organismes communautaires offrent des réponses adaptées aux besoins et aux réalités particulières des jeunes et de leurs familles en soutenant le développement global du jeune.
L’expérience québécoise en matière d’action communautaire est riche et unique. Les organismes d’action communautaire autonome sont ancrés dans leur communauté. Ils basent leurs actions sur les besoins exprimés par les jeunes et les familles et ils s’appuient sur les forces vivent des communautés. Les organismes œuvrent dans une perspective de justice sociale, de lutte à la pauvreté et à l’exclusion ainsi que de participation citoyenne. Ils travaillent en concertation et collaboration. Leur rôle dans le développement de la société est officiellement reconnu et enchâssé par une Politique et un Plan d’action gouvernemental.
Les intervenantes et l’intervenant de cette table ronde font partie de ce réseau concerté d’organismes communautaires autour de la problématique du décrochage et plus largement, en soutien aux jeunes en difficulté au Québec.
Michel Lessard est le directeur général de l’organisme communautaire Je Raccroche, une école de la rue destinée aux jeunes qui ont décroché avec pour mission de raccrocher et maintenir ces jeunes en formation ainsi qu’impliqués en société.
Nathalie Bergeron est la directrice générale du Regroupement des écoles de la rue accréditées du Québec (RÉRAQ) dont l’école de rue Je Raccroche est l’un des 9 membres répartis dans 6 régions du Québec. Le RÉRAQ a pour mission de regrouper les Écoles de la rue afin de les représenter auprès des différentes instances en tant qu’interlocuteur privilégié au ministère de l’Éducation, de défendre leurs intérêts et de favoriser le développement.
Mélanie Marsolais est directrice générale du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCLD), qui compte 61 organismes communautaires autonomes, dont Je Raccroche, répartis dans treize régions du Québec et soutiennent plus de 8 000 jeunes en difficulté chaque année. Le ROCLD a pour mission de favoriser la concertation entre les organismes qui travaillent à la problématique du décrochage scolaire et d’assurer leur représentation en tant qu’interlocuteur privilégié auprès du ministère de l’Éducation.
Jennifer Robillard est directrice générale de la Coalition Interjeunes, qui représente les sept associations et regroupements québécois d’action communautaire autonome jeunesse, dont le RÉRAQ et le ROCLD. Interjeunes rassemble plus de 400 organismes jeunesse dans les 17 régions administratives du Québec. Par son regard croisé sur les réalités jeunesse, la Coalition Interjeunes rassemble, mobilise, défend et promeut l’action communautaire autonome jeunesse en tant qu’interlocuteur privilégié du Secrétariat à la Jeunesse du Québec.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.