Grandeurs et misères de la profession enseignante au Québec : regard critique sur son évolution récente
Au Québec, le rôle confié au personnel enseignant a connu une évolution rapide au cours des dernières décennies, laquelle s’est accompagnée d’une importante réflexion entourant la formation initiale des maîtres. D’abord conduite par les autorités religieuses, la formation du personnel enseignant fût, dans les années 1960, confiée aux universités et plus spécialement à leurs nouvelles facultés des sciences de l’éducation. Ce changement avait alors comme objectif de former des professionnels possédant un large éventail de savoirs scientifiques sur lequel baser leurs interventions dans le milieu scolaire. La formation offerte dans les universités a ainsi connu de nombreux changements et ajustements au fil des décennies afin de considérer la complexité de la profession enseignante et de mieux préparer à la pratique. Aussi, à partir des années 1990 avec le mouvement de professionnalisation de l’enseignement, la profession enseignante se voit de plus en plus encadrée et réglementée, par exemple par un accès toujours plus contrôlé et par l’apparition d’un référentiel de compétences à l’enseignement.
L’objectif de la présente communication est de faire état des enjeux actuels liés à la profession enseignante en enseignement obligatoire au Québec au regard du continuum de développement des compétences enseignantes sur lequel le politique, l’administratif et le scientifique semblaient alignés depuis les années 1990 (formation initiale, insertion professionnelle et formation continue). La recherche s’appuie sur un cadre conceptuel associé aux écrits scientifiques portant sur la professionnalisation de l’enseignement et l’analyse des politiques éducatives. Sur le plan méthodologique, elle rend compte d’une recherche documentaire réalisée dans les bases de recherche reconnues en éducation (ex. PsycInfo, ERIC) afin de dresser le portrait actuel de la situation québécoise concernant le développement des compétences enseignantes en fonction des différentes phases associées à la formation des enseignants.
Les analyses réalisées mettent en lumière nombre d’enjeux associés à la professionnalisation de l’enseignement. Elles rendent compte d’un certain nombre de changements qui semblent aller à contresens des grandes tendances en phase avec les recherches scientifiques en sciences de l’éducation et qui guidaient les choix politiques et administratifs depuis les dernières décennies. Parmi ces tendances, il faut compter par exemple l’importance d’assurer une qualité de la formation initiale du personnel enseignant, de favoriser l’attractivité à la profession enseignante, de faciliter l’entrée à la profession, d’améliorer les conditions d’exercice et d’assurer une formation continue soutenue et de qualité, lesquelles visaient principalement une meilleure rétention du personnel enseignant et l’augmentation de la réussite éducative des élèves. Quel rôle joue l’État au Québec à l’égard de la formation et des conditions d’exercice de la profession enseignante ? Comment ce rôle a-t-il évolué ces dernières années? Que nous disent les résultats de la recherche sur la professionnalisation de l’enseignement et de la déprofessionnalisation, notamment au Québec ? Voilà quelques questions auxquelles nous répondrons dans la présente communication.