Apport de la recherche-action à la formation initiale des aspirants à la profession d'enseignants dans le domaine de l’éducation préscolaire
Les statistiques générales de la Direction de l’Enfance et du Ministère de l’Education en Tunisie mentionnent jusqu’à nos jours un pourcentage élevé d’animateurs et d’instituteurs non spécialistes, dans les institutions préscolaires et dans les classes préparatoires des écoles primaires, avec des variations d’un gouvernorat à un autre. Plusieurs gouvernorats tels que Sfax ont organisé des sessions de formation initiale et de préparation à l’emploi dans le domaine de l’éducation préscolaire. Cette communication vise donc à présenter quelques recherches-actions que nous avons encadrées en partenariat avec plusieurs ministères (Femme et Enfance, Education et Enseignement, Formation Professionnelle et Emploi, Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique), et plus particulièrement celle relative au projet servant à la préparation de jeunes diplômés à l’emploi dans le domaine de l’éducation préscolaire de façon générale et en année préparatoire de façon particulière. La session de formation s’est déroulée pendant 9 mois et a concerné 60 sélectionnés parmi 163 candidats de 8 gouvernorats du sud tunisien. Ceci reflète un apport politique de ces actions de formation initiale. L’intérêt acquis de ces actions n’était pas tant de donner un diplôme de plus pour retarder le chômage que d’offrir plus de chances aux diplômés de l’université qui n’arrivent pas à travailler dans un domaine relevant de leur spécialité d’origine pour s’intégrer dans d’autres domaines tels que celui de l’animation de l’enfance, du travail socio-éducatif et de l’enseignement dans les classes préparatoires des écoles primaires sous des contraintes éducatives, économiques, sociales, culturelles et familiales en rapide mutation en Tunisie en comparaison avec d’autres pays arabes et occidentaux.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.