Les tensions et les dilemmes dans l'activité enseignante : outils de formation et de développement professionnel
Outre les conditions de travail stressantes, l’activité enseignante est déterminée par des tensions et des dilemmes pédagogiques et didactiques. En effet, l’enseignant débutant affronte des situations critiques inattendues et anxiogènes. Néanmoins l’analyse de ces situations contribue au développement professionnel enseignant. Dans le but de comprendre et d’analyser l’apprentissage et le développement professionnel dans l’activité des professeurs de l’école primaire débutants, nous avons mené une recherche qualitative en appréhendant les incidents critiques permettant au sujet de construire ses ressources et ses interventions dans les situations d’enseignement. Pour ce faire, nous avons recours aux entretiens semi-directifs et aux entretiens d’autoconfrontation simple et croisée. Les échanges réflexifs sur l’activité, sur la complexité des situations de travail et sur le vécu du sujet aident les enseignants à développer leurs propres instruments et interventions. Cette démarche est en lien étroit avec le rôle du conflit interpsychique dans le développement intrapsychique du sujet. Autrement dit, les conflits cognitifs et affectifs qui émergent dans les échanges verbaux sur les expériences des sujets confrontent ceux-ci non seulement aux éléments perturbateurs dans l’activité mais surtout aux différentes possibilités de les percevoir et d’intervenir. Les résultats de la recherche ont démontré le rôle de l’accompagnement centré sur la conscientisation et l’autonomisation des sujets dans la construction du sens et des manœuvres adaptées aux situations d’enseignement chez les professeures débutantes. Par contre, le manque des ressources externes s’est révélé lié à un état affectif négatif chez les sujets. Quant au sentiment d’incertitude, il est lié à une absence de feedback sur les situations et les manières d’agir. Ce sont, en effet, les aides qui répondent à la demande et aux besoins des débutantes qui permettent à celles-ci de se construire dans les situations professionnelles. Par ailleurs, le débat à partir des traces de l’activité ont permis aux participantes de partager leurs craintes, leurs difficultés et leurs différents apports en classe. Elles ont pu ainsi expliciter leurs manières d’agir en classe, de se projeter dans d’autres situations et d’affronter les déceptions ressenties par rapport aux difficultés des élèves les plus démunis. Certes, les apports du débat dans ces conditions demeurent limités mais le recours aux rencontres réflexives interpersonnelles auprès des différents acteurs favoriserait une transformation plus efficace du collectif et de la situation. Mots-clés : activité enseignante, développement professionnel, tensions pédagogiques, situations scolaires anxiogènes, socioconstructivisme Chennouf, L., Ellouze, Cherif, W., Mersni, M., & M’rad, M. (2012). Stress et épuisement professionnel des enseignants tunisiens. L’encéphale (38), 480-487 Hafsi, A., Lallemand, N., & Coen-Scali, V. (2017). Le stress au travail chez les enseignants des collèges en Tunisie. Schweizerische Zeitschrift für Bildungswissenschaften, 1(39), 57-74. Leblanc, S., Ria, L., Dieumegard, G., Serres, G., & Durand, M. (2008). Concevoir des dispositifs de formation professionnelle des enseignants à partir de l’analyse de l’activité dans une approche énactive. Activités, 5(1), 20-42 Dewey, J. (1998). How we think. Boston: Houghton Mifflin Harcourt. Vygotski, L.S. (1934/1997), Pensée et Langage, traduction Françoise Sève, 3e édition, Paris : La Dispute

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.