Analyse des décisions chronogénétiques faisant suite à des imprévus pédagogiques lors de l'enseignement de la technologie en collège tunisien
Au départ d’une situation d’enseignement/apprentissage, les prescriptions constituent une trame sur laquelle l’enseignant essayera de programmer son activité et celle de ses élèves. Mais, dans l’interaction, la planification est reléguée en arrière-plan et les décisions interactives prennent plus d’importance (Clark et Peterson, 1986). Ainsi la préparation se heurte à un environnement dynamique (Rogalski, 2003) où les élèves questionnent, interrogent, demandent… Par cette interaction, surgissent des situations perturbantes et déstabilisantes appelées « imprévus » ; et que l’enseignant doit prendre en considération pour assurer sa mission. En effet, le premier imprévu survenant, peut faire dévier le déroulement des activités, de sa direction originelle (Jean, 2008).
Dans ce contexte, nous focalisons notre étude sur l’identification des différentes décisions interactives (Sensevy, 2007) prises suite aux traitements des imprévus pédagogiques (Jean, 2008) afin de comprendre l’avancement du savoir enseigné véhiculé par le discours.
Deux cadres théoriques seront mobilisés pour analyser la situation d’interaction : le traitement des imprévus et les décisions interactives. Jean (2011) précise que l’imprévu est « toute action ou réaction d’élève, de l’enseignant ou du monde extérieur, sortant de la planification de l’enseignant ». (Jean, 2011, p64). Ces imprévus sollicitent une action dans l’urgence où l’enseignant produit un traitement ( le neutraliser ou le porter à la vue de la classe). Face à cet environnement dynamique aussi appelé phase interactive du travail de l’enseignant, ce dernier génère différentes décisions nommées par Carnus (2001) « décisions interactives».
Afin d’atteindre les objectifs de la recherche, celle-ci s’inscrit dans une approche qualitative (Savoie-Zajc, 2018) à visée compréhensive (Savoie-Zajc et Karsenti, 2018) des pratiques enseignantes à travers une étude de cas (Merriam, 2002). Par ce fait, notre recherche a été réalisée en privilégiant un contact avec une enseignante, par le biais d’observation de ses pratiques (Altet, 2017) lors d’une séance d’enseignement de la technologie dans un collège tunisien . Sur la base des enregistrements vidéo et des découpages en unités discursives, les données seront soumises à une analyse thématique (Dionne, 2018). Elles sont classées et catégorisées selon les thèmes préétablis et des thèmes émergeants.
Les résultats trouvés ont, dans une certaine mesure, montré que la réaction d’un enseignant dans le traitement d’un imprévu identifié par le chercheur était en partie liée aux décisions chronogénétiques prises. Ainsi, nous constatons que, lors des traitements des imprévus pédagogiques, l’enseignante procède à une progression du savoir (accélérer le rythme du savoir enseigné dans la séance). Cette décision s’articule par des annonces (signaler la venue d’un sujet anticipé par les élèves qui est prévu dans la planification) ou des avances ( aborder un contenu prévu ultérieurement dans la préparation) voire même des remises de contenu (reporter sa réaction à un instant ultérieur dans la séance).
Certes que notre recherche nous a conduit à caractériser le fonctionnement d’une classe en termes de la variation de son rythme et en fonction des différentes modalités de traitement des imprévus, mais elle aurait pu être éclairée par des entretiens complémentaires qui permettraient d’obtenir le point de vue du et auraient expliquer certaines conduites.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.