Comment évaluer les compétences des élèves porteurs des TSA? Défis à relever en RDC
1. Problématique
Même s’il n’existe pas de statistiques officielles sur le pourcentage des élèves porteurs des troubles spécifiques des apprentissages en RDC, notamment : la dyslexie, la dysgraphie, la dysorthographie et la dyscalculie, la réalité est là présente, comme le démontrent les rares études réalisées sur la question.
Une des grandes caractéristiques de ces troubles, c’est qu’ils se manifestent par des difficultés spécifiques et significatives des apprentissages dans le domaine spécifiquement concerné, et qu’ils affectent négativement le rendement scolaire de leurs porteurs s’ils ne sont pas bien pris en charge en classe du point de vue de la didactique et des pratiques évaluatives que l’enseignant met en branle.
En RDC les enseignants ont-ils reçu l’information scolaire et académique suffisante sur ces troubles ? Sont-ils conscients de cette exigence de mettre en action une didactique appropriée et une pratique évaluative qui donnent les mêmes chances à tous les apprenants ?
2. Méthodologie
Nous avons administré deux questionnaires, le premier portant sur l’information scolaire reçue dans le cursus de formation sur les TSA et le second sur les stratégies didactiques à utiliser en classe à 36 enseignants des écoles primaires d’application de l’ l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et de l’Université Pédagogique Nationale (UPN) en 2018, et à 110 dix enseignants de six écoles primaires de la commune de Selembao à Kinshasa en 2021.
3. Résultats essentiels
Au premier questionnaire :
– 90% des enseignants des enquêtés de l’UNIKIN et de l’UPN n’avaient pas été formés sur la question des TSA. Les 10% qui en avaient l’information étaient diplômés d’université.
– Dans les écoles de Selembao, plus de 90% n’en n’ont jamais entendu parler.
Au second questionnaire :
– 70% des enquêtés de l’UNIKIN et de l’UPN sont partiellement d’accord avec les stratégies de personnalisation, et 6,67% totalement d’accord.
– A Selembao, 15% sont partiellement d’accord.
4. Observations conclusives : défis à relever
– Puisque les enseignants enquêtés n’ont ni l’information sur les TSA, ni des connaissances des stratégies à utiliser en classe face aux élèves ayant ces difficultés , il faut repenser leur formation sur ces questions.
– En ce qui concerne les stratégies d’évaluation, nous pensons qu’il faut personnaliser cette pratique. En effet, un élève porteur de ces troubles devrait être examiné différemment des autres. Par exemple, on ne peut pas demander à un élève dyslexique de faire une lecture courante comme examen. Ce serait le condamner à l’échec et ce serait injuste à son endroit, étant donné qu’il a des difficultés de lecture. Il faudrait donc inventer une autre façon de l’évaluer en lecture.
– Il faut une loi organique qui leur reconnaisse le droit à être examinés différemment.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.