Des pratiques exemplaires pour répondre aux besoins d’une diversité d’élèves du primaire : une étude de cas
Au Québec comme ailleurs dans le monde, les personnes enseignant au primaire accueillent des élèves au profil varié. Conséquemment, répondre aux besoins multiples de l’ensemble de leurs élèves constitue un défi majeur. Si plusieurs enseignants québécois envisagent de quitter l’enseignement ou quittent effectivement la profession, notamment en raison de la lourdeur de la tâche, d’autres persévèrent et relèvent avec brio ce défi.
Dans cette communication, nous vous présentons les résultats d’une étude de cas unique portant sur les pratiques exemplaires d’une enseignante de 2e année (CE1). Plus précisément, nous avons voulu comprendre 1) ce qui l’a amenée à prendre en compte, dans ses pratiques quotidiennes, les besoins variés de ses élèves et 2) à cerner ce qui concourt à sa persévérance sur cette voie, en dépit des exigences inhérentes à de telles pratiques.
Les données ont été recueillies par le biais d’entretiens semi-dirigés s’apparentant par moments à l’histoire de vie, ainsi qu’au moyen d’observations non participantes et semi-participantes en classe, échelonnées sur trois années scolaires (2020-2021, 2021-2022 et 2023-2024). Après la transcription et la réduction des données, un premier codage a été fait en fonction de thèmes liés aux objectifs de la recherche et au cadre théorique sous-jacent, à savoir : les besoins des élèves, la différenciation pédagogique, la gestion de classe et le sentiment d’efficacité personnelle. Un deuxième codage a été fait à partir de catégories émergentes. Divers moyens ont été prévus pour tenir compte des critères de scientificité en analyse qualitative, notamment en triangulant les données issues de pratiques déclarées à celles des pratiques observées et en validant auprès de l’enseignante les résultats obtenus.
Les résultats mettent en évidence que cette enseignante était consciente de la diversité des besoins de ses élèves avant même le début de sa formation initiale en enseignement. Cette prise de conscience a émergé de sa propre analyse de sa situation d’élève atypique. Si, dès ses premiers stages, elle a su mettre en place des pratiques visant à répondre aux besoins socioémotionnels de ses élèves, transposer dans la pratique sa prise de conscience au regard des besoins d’apprentissage des élèves a nécessité un certain temps et l’appropriation de nouvelles connaissances. Ce qui a amené cette enseignante à prendre en compte, dans ses pratiques quotidiennes, les besoins variés de ses élèves, est sa sensibilité exceptionnelle à l’Autre, une gestion de classe particulièrement efficace et un besoin de constamment se développer professionnellement par divers moyens. Certains d’entre eux se sont d’ailleurs révélés plus décisifs que d’autres. Quant à savoir pourquoi cette enseignante persévère sur la voie de la différenciation pédagogique malgré le temps nécessaire pour y arriver à sa satisfaction semble étroitement lié à son sentiment d’efficacité personnelle. Des enjeux relatifs aux rôles de l’enseignant du primaire versus ceux d’autres professionnels ressortent également de cette étude. L’enseignante dont il est question ponctuera fréquemment la communication d’exemples tangibles tirés de sa pratique.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.