Développement de la compétence à gérer la classe avec la vidéoscopie à 360° encadrée par un groupe d’analyse de pratiques
Les milieux de formation ont à préparer le futur personnel enseignant à faire face aux réalités mouvantes et multiformes du
travail, notamment en prônant la collaboration entre les actrices et acteurs, puis en articulant les connaissances véhiculées
par l’école et par les sciences de l’éducation. Si la structure actuelle de la formation à l’enseignement convient que les deux
milieux (stage et université) encadrent conjointement les cours-stages, cette collaboration se reflète peu dans les cours-
classes tel celui relatif à la gestion de classe. La formation à la gestion de classe devrait être intégrative. À l’université, cette
alternance demeure peu étudiée. Nous avons voulu répondre à la question : Comment des personnes futures enseignantes
intègrent la nouvelle compétence à gérer le fonctionnement du groupe-classe dans un cours universitaire à l’aide de la
vidéoscopie immersive à 360° encadrée par un groupe d’analyse de pratiques offrant une formation en alternance
intégrative? L’alternance intégrative conduit à l’interdépendance des milieux de formation et à l’articulation entre théorie et
pratique. L’articulation renvoie notamment à un recours contextualisé aux connaissances formellement reconnues (théories)
pour examiner la pratique, à la faveur d’une mise en relation des connaissances et des outils cognitifs au service de l’action
et de la conceptualisation. Elle se représente par un rapport de fonctionnalité réciproque. Les objectifs de la recherche
étaient de : 1) Décrire et comprendre l’appropriation du nouveau référentiel de compétences professionnelles de la
profession enseignante et des connaissances qui s’en dégagent relativement à la gestion de classe; 2) Décrire et
comprendre la portée des manifestations vidéoscopées en classe à l’aide d’une caméra à 360° pour mieux gérer le
fonctionnement du groupe-classe; 3) Dégager l’apport du groupe d’analyse de pratiques à la vidéoscopie visant à rattacher
l’expérience immersive en gestion de classe à des connaissances interdépendantes issues de la théorie et de la pratique.
Une étude qualitative compréhensive et interprétative présentée par cas a été réalisée. Des groupes d’analyse de pratiques
vidéoscopées ont été formés pour cinq étudiant·es inscrit·es dans un cours de gestion de classe dans trois programmes de
formation à l’enseignement au sein de deux universités québécoises. Ces groupes, hétérogènes, accueillaient des
personnes étudiantes et formatrices pour s’adonner à des autoconfrontations croisées. Les résultats mettront en lumière
comment ces groupes aidaient les étudiant·es à affronter des difficultés, les prendre comme objet de réflexion et transformer
l’expérience en la reliant à des savoirs associés à la gestion de classe. S’appuyant sur le cadre de Pasche Gossin (2012),
les résultats seront présentés en trois registres d’activités : 1) l’aide au retour et à la verbalisation de l’agir ; 2) le soutien à
l’articulation des savoirs à partir de l’expérience et 3) l’élargissement des actions. Nous mettrons en évidence les différentes
fonctions que joue l’articulation des savoirs dont la validation ou la justification des pratiques, le repérage de limites ou
encore l’identification d’alternatives aux pratiques.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.