Formation initiale des enseignants du primaire : un défi à relever
Comme les besoins et les profils de nos élèves ont changé par rapport aux vingt dernières années et
étant donné que l’école est appelée à répondre aux attentes des apprenants et à leurs besoins, il a été
décidé par le les ministères de l’éducation et de l’enseignement supérieur tunisiens de porter une
attention particulière à la question de la formation des professionnels de l’enseignement, formation qui a
été négligée durant des années. Un projet de création d’une nouvelle filière en Education Enseignement a
vu le jour après des années de recrutement arbitraire et massif d’enseignants sans qualification
pédagogique. Plusieurs établissements universitaires du pays vont abriter la licence Education pour
former des enseignants du primaire et répondre aux besoins des écoles qui ont enregistré un manque
énorme d’enseignants. De jeunes bacheliers se sont présentés pour passer les tests d’admission en vue
de préparer une licence Education Enseignement. Une nouvelle formation initiale professionnelle voit le
jour à partir de 2016-2017 et ce grâce aux efforts conjugués des experts et chercheurs nationaux et
internationaux en Education. Cette formation se propose de former au métier d’enseignant par des
contenus didactiques et pédagogiques avec une insistance sur l’articulation entre théorie et pratique. Des
contenus théoriques et des stages pédagogiques sont programmés pour préparer l’homme de demain, ce
citoyen du monde. Nous abordons lors de cette communication les stratégies et les approches qui ont été
adoptées pour la mise en place des contenus d’enseignement- apprentissage. Nous présenterons le
référentiel de compétences du métier d’enseignant, la maquette des programmes de la formation et le
guide de la formation du formateur et du stagiaire. Nous évoquerons la question de la coordination pour la
mise en place de la licence co- construite, entre les deux ministères, la formation continue des
inspecteurs, l’implication des universitaires chercheurs et des experts dans son expérimentation,
évaluation et mise à jour, pour garantir qualité, efficience et performance.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.