Formation initiale et continue des enseignants : état des lieux et perspectives
Dans le cadre de ce symposium qui s’intéresse à la formation initiale et continue des formateurs à l’enseignement du français dans le contexte tunisien, nous envisageons de parler du primaire tunisien et de l’orientation des instances officielles vers la mise en place d’un nouveau projet de réforme qui consiste à sensibiliser les apprenants débutants à la langue française, à travers un module d’apprentissage basé sur l’oral et le graphisme programmé en 2ème année primaire.
L’objectif de notre intervention consiste à attirer l’attention sur l’importance de la classe d’éveil aux langues étrangères et sur la nécessité de veiller à la formation des formateurs invités à prendre part à ce projet.
Nous définirons pour commencer le cadre conceptuel relatif à la question de l’éveil aux langues (Candelier, 2003 ; De Pietro, 2007), et nous exposerons par la suite les formations organisées par le CLA de Besançon (Myriam Bousamra, Hélène Vanthier,2018 ) et par ContinuUM de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal sur les approches pédagogiques et les didactiques de l’oral (Daniel Daigle, 2021) et de l’écrit (Claudine Sauvageau, Isabelle Montésinos-Gelet, Sylvie Cartier , 2021 ) au profit des formateurs tunisiens.
Il sera par la suite question des stratégies et des démarches entreprises par les inspecteurs et les formateurs pour la mise en place effective de ce projet sur le terrain.
Au final, nous tenterons à travers des entretiens avec des formateurs et des questionnaires lancés au profit des professeurs d’écoles chargés de la classe de troisième de mesurer l’impact de ces formations sur la pratique enseignante et sur les représentations ( Lizanne Lafontaine, Catherine LeCunf, 2006 ) des intervenants en classe d’éveil à la langue.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.