La formation continue des enseignants du préscolaire et son impact sur la réussite éducative des apprenants au début du primaire
La formation continue constitue à l’heure actuelle un enjeu fondamental pour consolider les acquis des enseignants, assurer leur développement personnel et professionnel (Biémar et al., 2023). Elle rentre dans le cadre de la professionnalisation du métier d’enseignant (Perrenoud, 1994) et de l’amélioration de la qualité de l’éducation des enfants tant au préscolaire (Chakroun, 2016) qu’au primaire (Djibo, 2017). Une formation spécifique et adéquate peut en effet aider les enseignants du primaire de façon générale et ceux du préscolaire de façon particulière à s’adapter aux différentes situations éducatives, mais surtout à soutenir les jeunes apprenants dans leur apprentissage en tenant compte de leurs particularités psychologiques (Houdé, 2018) et de leurs ressources attentionnelles encore limitées (Labrecque et al., 2013). L’atteinte de ces objectifs nécessite absolument l’adoption de méthodes pédagogiques favorisant la réussite des apprenants à l’école (Meirieu, 2015), à savoir celles non verbales et ludiques (Chakroun, 2021). C’est dans cette optique que nous mettons en avant l’impact de la formation continue des enseignants du préscolaire à l’utilisation de l’image iconique comme outil d’évaluation formative en matière de discrimination visuelle sur le développement de la capacité des enfants scolarisés en classes préparatoires, âgés de 5 – 6 ans, à distinguer l’écrit au début du primaire. Il s’agit ainsi d’une étude expérimentale qui cherche à comparer les habiletés des enfants du Groupe Expérimental (GE ; n=62) dont leurs enseignants (n= 3) ont suivi la formation proprement dite avec ceux dont leurs enseignants (n= 3) n’ayant pas suivi la formation, c’est-à-dire les enfants du Groupe Témoin (GT ; n=59). Les données analysées à la fin de l’année préparatoire ont confirmé l’existence d’une différence significative en faveur des enfants du GE quant aux scores obtenus à l’Epreuve Graphique d’Organisation Perceptive (EGOP; Santucci, 1979) évaluant la capacité à commencer l’apprentissage de l’écrit. Les résultats ont également confirmé l’existence d’une différence significative en faveur des enfants du GE quant aux scores obtenus en langue arabe pendant les deux premières années de leur scolarité primaire. Il serait donc intéressant de tirer profit de ces recherches universitaires pour enrichir et alimenter la formation initiale et continue des enseignants des écoles primaires et plus particulièrement ceux assurant l’encadrement des enfants des classes préparatoires. Cela peut les aider à effectuer les tâches complexes et diversifiées qui constituent le quotidien dans leurs classes et garantir la réussite éducative des jeunes apprenants à travers l’adoption d’outils adéquats à leur âge et à leurs rythmes distincts d’apprentissage, imagés en l’occurrence. Mots-clés : formation initiale et continue, enseignants du préscolaire, jeunes apprenants, réussite éducative.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.