La représentation de la pédagogie de l’éthique en soins de santé chez les cadres pédagogiques dans une école de santé
Introduction : L’évolution des référentiels de formation et du système de santé, ainsi que les progrès de la médecine, amènent les formateurs à s’intéresser sur la pédagogie de l’éthique médicale (PEM).
Les cadres pédagogiques dans l’école de santé ont pour mission de former en adhérant au programme du ministère de l’Enseignement Supérieur et aux objectifs prédéfinis et d’évaluer les étudiants pour garantir la maitrise des concepts fondamentaux de l’éthique dans les soins médicaux.
L’objectif de cette étude est de révéler la description de représentations individuelles, sociales et académiques de la PEM chez les cadres pédagogiques de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de la santé de Tunis (ESSTST) et de chercher un noyau commun pour ces représentations.
Matériels et méthodes : il s’agit d’une étude descriptive, menée par un questionnaire anonyme, traitant les domaines, les objectifs, les références, les attitudes et la méthodologie pédagogiques de l’éthique médicale, inspiré d’une étude analytique [1] et ayant sa validation interne et externe avant d’être diffusé auprès des Professeurs de l’Enseignement Paramédical (PPM) des quatre spécialités suivantes : section Biologie, Anesthésie-Réanimation, Puériculture et Sciences Maïeutiques, à l’ESSTST.
Résultats : 20 PPM ont été inclus, dont la moitié avaient une ancienneté pédagogique supérieure à 10 ans, 25 % d’ancienneté de 5 à 9 ans et le reste d’ancienneté inférieure à 5 ans. 50% des PPM étaient de la spécialité d’Anesthésie-Réanimation, 35% de la biologie médicale, 10% en sciences puéricultures et 5% en science maïeutiques. Les domaines de la PEM choisis en 1er ordre de priorité étaient les compétences (30%), les connaissances (45%) et les attitudes (40%). La majorité (90%) pensaient que l’enseignement de l’éthique médicale (EEM) devrait avoir différentes approches en fonction du contexte. 20% pensaient que l’enseignement de l’éthique devrait intégrer les trois niveaux de compétence (savoir, analyser et discuter) quel que soit le niveau de l’apprenant. 60% pensaient que l’EEM devrait se référer à la loi, 50% pensaient qu’elle devrait s’inspirer de la religion et 70% pensaient qu’elle devrait intégrer les valeurs universelles. 60 à 65% % pensaient que l’attitude prioritaire dans la PEM se baserait sur une attitude d’aide et d’écoute, sur une attitude d’attention et de bienveillance et sur une attitude d’accompagnement en stage, et seulement 45% pensaient qu’elle devrait se baser sur une attitude évaluative et corrective. 70% pensaient que l’EEM pourrait se baser sur l’échange sur les situations vécues en stage (débriefing), 45% pensaient qu’il pourrait se baser sur l’apprentissage par situation clinique, 65% par des cas cliniques et 55% par l’organisation des journées à thèmes d’éthiques et à travers le comité d’éthique. 85% pensaient qu’une formation continue des cadres pédagogiques serait nécessaire sur le thème de la PEM, et 55% pensaient que cela devrait être sur le thème du droit de la santé appliqué à l’éthique de soins.
Conclusion : A l’ESSTST, les différentes représentations de la PEM ne permettent pas d’affirmer l’existence d’un noyau commun. Cette diversité décrit bien l’aspect multifacette de l’approche pédagogique de l’éthique dans l’enseignement de sciences de santé.
[1] Filipiak L. Éthique&Santé. 1juin2021;18(2):112-26.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.