Les trajectoires de développement pour soutenir la progression en formation à l’enseignement : entre logiques de stages et de programmes
À la suite de plusieurs développements, le débat autour de la professionnalisation de la formation des enseignants a conduit
au transfert de la responsabilité complète aux facultés et départements des sciences de l’éducation dans les universités et à
allonger à quatre ans la formation, afin, notamment d’intégrer plus d’heures de stage. En 2001, leurs responsabilités sont
réaffirmées, ainsi que la place des stages dans la formation. La professionnalisation de la formation se consolide par la
publication d’un seul et même référentiel de compétences professionnelles qui doit dorénavant servir d’orientation pour tous
les programmes de formation initiale en enseignement au Québec. À cette occasion, des profils de sortie de fin de formation
sont établis. En 2020, une mise à jour du référentiel est publiée et consolide les orientations prises depuis 25 ans. Toutefois,
le référentiel de compétences inscrit la formation initiale dans un continuum de formation et de développement des
compétences sur toute la carrière professionnelle et concerne dorénavant l’ensemble de la profession enseignante. Dans ce
cadre, les universités, responsables de leur maîtrise d’œuvre, sont invitées à réfléchir de façon plus approfondie au
continuum de formation à l’intérieur des quatre années des programmes. Les niveaux de maîtrise attendus au terme de la
formation initiale sont modulés en fonction des treize compétences professionnelles compte tenu de leur rôle central dans le
travail enseignant et des possibilités de développement dans le cheminement universitaire et plus spécifiquement des
stages. Dans ce contexte, nous nous sommes posé trois questions : 1) Quelle est la trajectoire actuelle de développement
des compétences établie au long des quatre stages des programmes de formation à l’enseignement de l’Université de
Montréal ? 2) Quelle amélioration lui apporter à la lumière du récent référentiel? 3) Comment articuler la trajectoire de
développement à l’ensemble des activités de formation des programmes, qui comprend notamment les cours et les stages?
Tant dans les référentiels que dans les recherches, la définition de compétence souligne le processus progressif de son
développement. Concrètement, afin d’accompagner et d’évaluer le développement de chaque compétence par année de
formation, plusieurs pistes sont suggérées : définir et expliciter des niveaux de développement ou établir une trajectoire
développementale, que ce soit sous la forme d’un bref paragraphe ou de quelques indicateurs qui décrivent le profil attendu.
La communication sera l’occasion de présenter les résultats d’une démarche d’analyse comparative des outils d’évaluation
en stage sous l’angle de la dimension développementale des compétences et des balises générales des trajectoires de
développement élaborées pour l’ensemble des programmes. Finalement, il s’agira également de discuter des défis
rencontrés afin d’articuler ces trajectoires à l’échelle des programmes de formation à l’enseignement de l’Université de
Montréal et des pistes de solution envisagées pour en assurer une meilleure cohérence.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.