Monographie d'un concours enseignant français méconnu : le CAPLP Lettres-histoire
Depuis désormais plusieurs années, la France est confrontée à un pénurie de candidats aux concours de recrutement des professeurs. Les campagnes de communication pour faire la promotion du métier d’enseignant diffusées sur les différents médias n’a que peu d’effet sur l’attractivité du métier.
Passage obligatoire pour tout enseignant en France, le concours de recrutement est le sésame pour devenir un agent titulaire de la fonction publique. Il permettait jusqu’alors à l’institution scolaire de recruter des enseignants selon ses besoins. L’Éducation nationale française disposant de différents concours de recrutement d’enseignants a ainsi créé des frontières symboliques par le biais des définitions administratives des différents corps enseignants que sont les professeurs des écoles, les professeurs certifiés, les agrégés ou les professeurs de lycée professionnel (Bourdieu, 1979).
Le concours d’accès au corps des professeurs de lycée professionnel (CAPLP) possède une place singulière dans le paysage éducatif français. Impactant les modalités d’enseignement (Tanguy, 1991), le CAPLP reste synonyme pour certains d’échec aux concours prestigieux amenant les enseignants à connaitre une entrée contrariée dans le métier (Jellab, 2005) et symbolise l’entrée dans un « sale boulot » (Hughes, 1996).
En se focalisant sur le concours accueillant le plus de candidats, cette communication vise à dévoiler que le CAPLP Lettres-histoire représente une étape importante de contrôle et de régulation de corps des professeurs de lettres-histoire (Jacq, 2022). Intégrant les injonctions ministérielles, les jurys néanmoins composent et agissent sur le recrutement des futurs titulaires en prenant en compte la singularité des candidats qu’est la diversité de leurs profils et de leurs identités.
Les rapports de jury des différentes sessions seront confrontés aux matériaux de recherche : entretiens de professeurs (n=14), participations observantes lors des différentes sessions de concours (n=10) et une enquête par questionnaire (n=1354). Il s’agira de dévoiler les tensions qui existent entre les attendus institutionnelles et la perceptions des acteurs lors de ces temps de sessions de concours.
Cette monographie d’un concours méconnu incarne, au-delà d’un processus de recrutement de futurs professeurs, les origines d’une absence d’attractivité d’un concours proposant une certaine conception de l’enseignement des humanités (Jellab, 2020) dans une voie de formation accueillant des élèves trop rapidement définis comme réfractaires à la forme scolaire.
Bourdieu, P. (1979). La distinction : Critique sociale du jugement. Éditions de Minuit.
Hughes, E. C. (1996). Le regard sociologique : Essais choisis. Éd de l’École des hautes études en sciences sociales.
Jacq, G. (2022). Analyse socio-historique de l’identité professionnelle de professeurs bivalents, les PLP Lettres-histoire. Entre relégation et résistance, un statut à la lisière du champ scolaire. [Thèse]. Lyon 2 Lumière.
Jellab, A. (2005). Les « nouveaux enseignants » de lycée professionnel : Un rapport « contrarié » au métier ? L’Homme et la société,
Jellab, A. (2020). Les élèves de lycée professionnel et la forme scolaire. Quelle place pour l’enseignement des humanités dans un ordre de formation en quête de légitimité institutionnelle ? Administration & Éducation, 167(3), 109‑119.
Tanguy, L. (1991). L’enseignement professionnel en France : Des ouvriers aux techniciens. Presses universitaires de France.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.