Quelle place pour la compréhension des interdépendances Nord-sud dans l’Éducation à la citoyenneté mondiale ?
Depuis un peu plus de 10 ans, le concept de citoyenneté mondiale est devenu inévitable dans les discours internationaux, puis dans les sciences humaines et sociales… et en sciences de l’éducation. S’il interroge notre rapport au monde, à l’environnement ou encore à l’altérité, il doit également interroger la formation des enseignant.e.s puisque ces dernier.e.s vont devenir les passeurs des savoirs qu’il comprend.
Dans cette communication, nous proposons d’interroger les interdépendances Nord-Sud et plus précisément la place qui leur est accordée dans les principaux documents cadres définissant le concept de citoyenneté mondiale.
Du fait de la globalisation, notre monde devient de plus en plus complexe. Il parait alors important d’identifier les clés de sa compréhension. Le concept de citoyenneté mondiale parait être une opportunité pour préparer à un monde toujours plus interrelié, interconnecté. Toutefois, puisqu’il existe de nombreuses manières d’interpréter ce concept, de le définir et de lui faire prendre vie (Pashby et al., 2020), il nous semble important de comprendre la posture endossée par l’UNESCO, institution à l’origine du concept.
Pour cela, notre méthodologie est qualitative : nous mènerons une analyse de contenu (Miles & Huberman, 2003) basée sur des sources secondaires (une sélection de documents cadres présentant la citoyenneté mondiale publiés par l’UNESCO).
Cette analyse a pour objectif de nous permettre d’identifier la place des interdépendances, la manière dont elles sont caractérisées et éventuellement les pistes de formation suggérées pour des futurs enseignants, ou élèves.
La globalisation et les interdépendances colorent le métier enseignant ; ces derniers sont constamment confrontés aux migrations internationales, aux enjeux climatiques qui impliquent une compréhension de l’interdépendance de nos actions, aux injustices… A travers notre analyse, nous souhaitons comprendre quelles clés existent, au sein des documents d’orientation relatifs à la citoyenneté mondiale, permettant de les préparer à ce monde complexe dans lequel ils doivent faire exister le proche et le lointain.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.