Rapport aux sciences, technologies et éthique des futurs enseignants tunisiens: évaluation de la formation scientifique des étudiants de la LNEE
Le présent travail constitue la première étape d’une étude portant sur l’évaluation du rapport aux sciences, aux technologies et à l’éthique pour des futurs enseignants tunisiens. Pour relever les défis du 21ème siècle qui s’accentuent de jour en jour, notamment suite à la pandémie de Covid-19 et les changements économiques et géopolitiques mondiaux, l’enseignement scientifique est appelé aujourd’hui à donner beaucoup plus d’importance au caractère interdisciplinaire et multidimensionnel des savoirs scientifiques enseignés. Dans le même cadre, l’enseignent doit renouveler ses pratiques en classe en favorisant les méthodes actives basées sur les débats sociocognitifs, la résolution des problèmes complexes flous, et le travail collaboratif et coopératif. Sur le plan opérationnel, nous avons demandé à 466 étudiants de la première année de licence nationale en éducation et enseignement (LNEE) en Tunisie LNEE de répondre à un questionnaire inspiré de l’enquête du projet international ROSE (Relevance of Science Education) qui a visé les attitudes des élèves de 15 ans dans 44 pays participants à propos de sujets très variés qui ont un rapport aux sciences et aux technologies. Afin d’atteindre nos objectifs nous avons introduit quelques modifications à l’enquête citée ci-dessus en ajoutant des questions portant sur l’éthique des sciences. Nous avons recueilli les réponses des étudiants au début de l’année universitaire 2021-2022. L’analyse de ces données a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS. Les résultats nous ont montré généralement un intérêt important aux sciences et aux technologies notamment par les étudiants titulaires des baccalauréats scientifiques (Mathématiques, Sciences Expérimentales, Sciences techniques et Sciences de l’informatique). En réponse aux questions portant sur les technosciences et leurs effets, les étudiants ont montré un très faible intérêt aux dilemmes éthiques qu’elles soulèvent. La seconde étape de notre étude se déroulera avec les mêmes étudiants qui finiront leur parcours universitaire en mai 2024. Ces étudiants vont répondre de nouveau au même questionnaire. L’étude comparative des résultats des deux étapes nous permettra d’évaluer la formation scientifique des futurs enseignants, sachant qu’en plus de mathématiques, sciences physiques, chimie et sciences de la vie et de la Terre, d’autres matières sont enseignées telles que la didactique des disciplines (biologie, sciences physiques, mathématiques), l’éducation à l’environnement, l’éducation à la santé, et l’épistémologie des sciences.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.