La collaboration entre les formateurs de stagiaires : points de vue de formateurs de terrain québécois et belges
La formation des futurs enseignants repose en grande partie sur les acteurs du milieu éducatif qui interviennent pendant les
stages. L’enseignant associé au Québec et le maitre de stage en Belgique francophone sont appelés à soutenir les
apprentissages de l’étudiant, et ce, en collaboration avec le superviseur qui représente l’Université ou la Haute École. Ils
devraient normalement exercer leur rôle de manière complémentaire et interdépendante. Il est communément reconnu que
l’absence ou le manque de collaboration peut nuire considérablement au développement des compétences professionnelles
du stagiaire. Considérant à la fois l’importance de la collaboration et la possibilité qu’elle soit entravée par des obstacles
diversifiés, nous nous intéressons au point de vue et aux expériences des formateurs du stagiaire à ce sujet. Nous tentons
de connaître leurs conceptions de la collaboration entre un enseignant associé ou maitre de stage et un superviseur. À
l’instar de McEwan (1997), nous situons la collaboration à l’extrémité d’un continuum dont l’autre extrême est l’isolement et
la distinguons de l’indépendance, la collégialité, la coordination et la coopération. Ces concepts situés dans le contexte de la
formation de stagiaires guident cette étude qui s'inscrit dans une démarche qualitative, compréhensive et interprétative
(Charmillot et Dayer, 2012). Ce type d’étude donne la voix aux personnes interrogées, leur permettant d’exprimer ce que les
phénomènes, les actions ou les événements auxquels elles sont confrontées signifient pour elles (Miles et Huberman, 2003).
Le dispositif de l’investigation mis en place comportait (1) un entretien individuel semi-dirigé avec 18 enseignants associés
québécois, 10 maitres de stage belges, 16 superviseurs québécois et 13 superviseurs belges; (2) un questionnaire (avec
questions ouvertes) destiné aux stagiaires du Québec et de la Belgique francophone; et (3) un focus group qui a rassemblé
des enseignants associés (ou maitres de stage) et des superviseurs. Cette communication se centrera uniquement sur les
résultats obtenus au moyen de l’entretien individuel auprès des enseignants associés québécois et des maitres de stage
belges. Une analyse thématique des données nous permettra de présenter des résultats portant sur les conceptions de la
collaboration des formateurs de terrain. Les résultats préliminaires permettent ainsi de mieux comprendre les enjeux qui
caractérisent la collaboration nécessaire à une formation adéquate du stagiaire. Ils contribueront à alimenter les équipes
responsables de la formation des enseignants associés et des superviseurs au Québec et pourront guider les réflexions en
vue de la mise en place de telles formations en Belgique francophone.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.