Le récit en histoire : étude exploratoire sur sa conception et son usage en enseignement chez des étudiants en formation initiale
Cette communication rend compte d’une recherche qualitative exploratoire menée à l’hiver 2023 à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) auprès d’étudiantes et d’étudiants québécois en formation à l’enseignement en univers social (histoire). Les données sur lesquelles s’appuient cette recherche consistent en des documents rédigés par ces futurs enseignants, lesquels ont été invités à réfléchir et à se prononcer sur l’usage du récit et de la fiction dans leur enseignement. L’analyse des données, de type thématique, a été menée séparément par les deux auteurs de la recherche, puis leurs analyses respectives ont été comparées de manière à synthétiser les résultats. Appuyés sur un cadre de référence inspiré des travaux du philosophe Paul Ricoeur (qui démontre la place centrale du récit dans la compréhension de soi sur les plans individuel et collectif), les auteurs se positionnent rigoureusement contre certains didacticiens de l’histoire qui prônent l’exclusion systématique de l’usage du récit. Ils mettent plutôt en évidence l’importance de cet usage du récit – et dans une moindre mesure de la fiction – d’une part dans la formation à l’enseignement de l’histoire et, d’autre part, dans l’enseignement de l’histoire dans les écoles de niveau secondaire. En tant que matière à enseigner, l’histoire y ressort comme étant traversée par des enjeux à la fois de connaissance mais aussi de construction de la citoyenneté et de l’identité collective. Par ailleurs, elle apparaît comme étant le lieu idéal pour l’élaboration de la pensée critique, nécessaire à toute citoyenneté responsable. En ce sens, l’histoire est donc définie ici comme une matière particulièrement névralgique pour tout système d’éducation et donc, pour tout pays. C’est dire la complexité et l’importance de bien former les futurs enseignants. À l’inverse d’autres matières scolaires, selon les auteurs, l’histoire – discipline herméneutique s’il en est – doit ainsi pleinement assumée sa nature et son statut particuliers, sans pour autant abdiquer sa prétention à l’objectivité.

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.