Françoise Lorcerie
Françoise LORCERIE est politiste et spécialiste des questions d’éducation, directrice de recherches au CNRS (France), rattachée au laboratoire IREMAM (Institut de recherche et d’étude sur les mondes arabes et musulmans), Aix-Marseille Université. Elle travaille sur les politiques d’éducation et les pratiques d’éducation sous l’angle du traitement qui est fait des descendants d’immigrés postcoloniaux. Cette visée l’a amenée à travailler d’abord sur « l’intégration » des immigrés postcoloniaux et de leurs descendants, et sur la prise en charge de la question à l’école, puis sur la reconnaissance des discriminations ethniques, sur la politisation de la laïcité et le décrochage de ce principe par rapport au droit (problématique de la « nouvelle laïcité »), sur la politisation de l’islam et le racisme envers les musulmans.
Dans une démarche plus strictement sociologique, elle a aussi travaillé sur les identités des lycéens, ou encore sur les modes de participation des habitants musulmans de Marseille, ou sur la formation islamique des personnes visant à devenir aumônières.
Elle a dirigé le premier ouvrage français de synthèse sur la place de l’ethnicité dans l’école publique, L’Ecole et le défi ethnique (2003, ESF/INRP, en ligne sur hal-shs), puis Education et diversité, publié en 2021 aux Presses Universitaires de Rennes. Ce dernier livre a été conçu et mené à bien dans le cadre d’un réseau international pluridisciplinaire qu’elle a cofondé en 2013, le RIED (Réseau international Education et diversité). Le RIED vise à favoriser l’échange et la comparaison internationale sur les questions de gestion de l’hétérogénéité culturelle et identitaire à l’école (histoire, politique, sociologie, pédagogie et didactique). C’est la même démarche, mais focalisée sur l’approche sociologique, qui l’a amenée à cofonder avec Isabelle Collet (Université de Genève) le Groupe de travail « Education et diversité » (GT13) de l’AISLF (Association internationale des sociologues de langue française).

Le Forum mondial sur l’éducation, tenu en mai 2015 à Incheon sous l’égide de l’UNESCO et ses partenaires, s’est conclu par la Déclaration d’Incheon pour l’Éducation 2030, un engagement historique de transformer la vie grâce à une nouvelle vision de l’éducation et à des actions courageuses et innovantes pour la réaliser. Le Cadre d’action Éducation 2030, qui établit cette nouvelle vision de l’éducation pour les 15 années à venir, a été adopté par plus de 180 états membres de l’UNESCO. Quatre ans plus tard, à la 9e Réunion mondiale de la Consultation collective des ONG pour Éducation 2030 (CCONG-Éducation 2030), qui s’est tenue en Tunisie en 2019, les organisations participantes ont affirmé que le monde est confronté à une crise éducative, causée par un manque de volonté politique, une faible priorisation de l’éducation et un financement insuffisant. De plus, elles ont constaté une tendance croissante à la commercialisation de l’éducation, ce qui contribue à creuser davantage les inégalités. Les systèmes éducatifs mondiaux ne semblaient pas respecter l’engagement pris dans le programme Éducation 2030. Le ministre de l’Éducation de la Tunisie d’alors avait, à la même occasion, souligné que la plupart des pays n’avancent pas suffisamment pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Il a appelé à une reconnaissance de l’importance stratégique de l’éducation pour toutes les nations et a encouragé la société civile à jouer un rôle majeur dans la mobilisation pour y parvenir.